Peut-on toujours avoir confiance en Wikipedia ?

NooLib The Blog | le 05-10-2016
Catégorie : Opinion
Non, évidement. Et il en va de même pour presque tous les types de contenu rencontrés sur internet. Wikipedia, comme beaucoup d'autres, représente un outil collaboratif de partage des connaissances mais ne doit pas se substituer à une encyclopédie de référence. La principale raison réside dans le fait que les articles de Wikipedia ne possèdent aucune garantie de qualité et d'authenticité puisqu'il n'y a aucun travail de relecture réalisé par un comité d'experts du domaine.

Nous pourrions cependant penser, qu'étant donné le nombre important d'utilisateurs sur la plateforme, la connaissance puisse se stabiliser d'elle-même, un peu à l'image de la main invisible d'Adam Smith pour l'économie de marché. Néanmoins, une seconde problématique apparaît portant sur la pédagogie des articles mis en ligne. La pédagogie est un objet qui demande une certaine expérience de l'enseignant et est généralement propre à chacun. N'est pas pédagogue qui veut. D'autre part, sur un même thème, il apparaît très probable que deux enseignants abordent la discipline de deux points de vue différents. Cela ne pose pas de problème particulier tant que chacun des deux enseignants reste maître du contenu de son cours. Dans le cas de Wikipédia, ce sont cependant plusieurs dizaines d'utilisateurs simultanément qui travaillent sur un même article. Nous pouvons alors émettre des craintes quant à la cohérence et à l'unicité de l'article. Wikipédia n'apparaît donc ni fiable, ni pédagogique.

Doit-on bannir pour autant le contenu de Wikipédia ? Certainement pas. Wikipédia représente un excellent vecteur d'information. Mais il est de l'intérêt de l'utilisateur de douter de ces informations. Et cela représente toute l'importance du travail réalisé par les chercheurs lorsqu'ils publient leurs résultats dans des revues à comité de lecture. Le travail du chercheur est toujours évalué par ses pairs, c'est-à-dire des experts du domaine. La compétition est d'ailleurs d'autant plus rude que le domaine de recherche amène beaucoup de chercheurs à publier. Cependant, même dans ces conditions, les fausses informations circulent encore. Souvent parce que la recherche est à la limite de la connaissance et qu'il devient difficile de trancher. Quelque fois parce que les chercheurs entrent en conflit d'intérêts. Et rarement, mais non des moindres, parce que la méthodologie utilisée est erronée et que les experts du domaine ont mal évalué le travail proposé. L'article est publié et l'erreur avec.

La Recherche, elle-même, peine donc à trouver sa véritable démarche afin de trancher définitivement entre le vrai et le faux. La première leçon que l'humain doit appréhender est de toujours douter de tout, et surtout de ses propres certitudes. L'histoire des sciences nous apprend qu'une théorie peut toujours être remise en question et l'analyse de Karl Popper nous enseigne que pour toute théorie validée, celle-ci doit également exposer les limites qui la caractérisent [1].

Toujours douter, multiplier ses sources et croiser les résultats entre eux, voilà peut-être un moyen qui permettrait de ne pas se prendre les pieds dans les filets des sophistes. Malheureusement, le temps nous manque pour vérifier chaque information que nous recevons au quotidien. La qualité laisse alors la place à la quantité. Peine est de constater que nous nous voyons accepter chaque jour certaines informations comme vérité sans pouvoir les confronter à la réalité... comme le ferait tout bon spécialiste du domaine [2].

Référence(s)

[1] K. R. Popper. La logique de la découverte scientifique. Payot. 1973
[2] Platon. Criton ou du Devoir. Fayard. 2000. Lien

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